Le Conseil fédéral promet un avenir numérique, mais taille massivement dans la formation, la recherche et l’innovation

Le Conseil fédéral a présenté le 8 septembre ses objectifs pour l’année 2026. Face aux coupes budgétaires sans précédent dans le domaine de la formation, de la recherche et de l’innovation (FRI), ceux-ci paraissent toutefois contradictoires. Alors qu’il est question de « cellules de coordination pour l’IA », « d’offensives de numérisation » et du « rôle de leader de la Suisse en matière de formation et de recherche », le Conseil fédéral réduit en parallèle le budget FRI d’un demi-milliard de francs.

Intelligence artificielle : coordination mais aucun projet concret

Le Conseil fédéral évoque la nécessité de « promouvoir l’intelligence artificielle ». Dans le même temps, les EPF et d’autres institutions de recherche doivent suspendre certains projets en IA ou les redimensionner fortement. La « cellule de coordination fédérale pour l’IA » annoncée dans le document constitue certes un objectif louable, mais paraît peu crédible au vu de ces coupes.

Offensive de numérisation sans moyens financiers

Pour la première fois depuis les années 1990, moins de moyens seront disponibles en 2025 qu’en 2024. Comment la Suisse peut-elle réussir sa transformation numérique si ce sont précisément les institutions chargées de la mener qui sont financièrement affaiblies ?

Position de pointe compromise par des coupes réelles

Une croissance nominale de seulement 1,6 % équivaut, corrigée de l’inflation, à une réduction effective. Les hautes écoles ainsi que les institutions de formation et de recherche réclamaient un minimum absolu de 2,5 % de croissance. La Suisse opère ainsi un recul historique, au lieu de préserver sa position de pointe au niveau international.

La déclaration d’intention du Conseil fédéral montre certes qu’il reconnaît au moins en théorie l’importance du pôle suisse d’innovation et de recherche, mais une vision claire sur la manière de le consolider reste introuvable.

Conclusion

Bien que le Conseil fédéral inscrive le pôle suisse d’innovation et de recherche à son agenda, il remet en cause les fondements mêmes sur lesquels cet avenir devrait se construire. La Suisse risque de sacrifier, pour des économies budgétaires de court terme, la position de pointe qu’elle a mise des décennies à bâtir dans la formation, la recherche et l’innovation.

Le rôle de leader proclamé tourne à la farce si l’on n’est pas prêt à consentir les investissements nécessaires. Au lieu d’investissements courageux pour l’avenir, ce sont des exercices d’austérité et de bureaucratie qui dominent. Non seulement cela manque d’ambition, mais c’est aussi irresponsable. Un changement de cap s’impose d’urgence : plutôt que des coupes hasardeuses, la Suisse a besoin d’une stratégie d’investissement audacieuse dans la formation, la recherche et l’innovation, faute de quoi elle risque des dommages durables.